III DIMANCHE DE CARÊME, CYCLE B
Première lecture – de l’Exode (20,1-17): Dieu prend à nouveau l’initiative d’établir une RELATION particulière avec son peuple, une alliance – c’est ce que nous rappelle cette première lecture de la liturgie d’aujourd’hui. Dieu se met en quelque sorte à notre portée, se laisse prendre à cœur : «Je suis le Seigneur ton Dieu» et trace devant le peuple une image de paix, de justice et de respect mutuel que nous connaissons sous le nom de Décalogue. Il peut nous aider à le considérer non pas tant comme un «commandement» que comme une «promesse» : Dieu nous dit que si nous l’acceptons comme Seigneur et Dieu parmi nous, il n’y aura pas de vol, d’adultère, de mensonge, de trahison. L’alliance m’exige, mais elle me protège aussi. C’est l’une des expressions de l’amour de Dieu pour nous, son peuple.
Psaume 18, 8. 9. 10. 11: Le psaume est un chant plein de gratitude pour la loi avec laquelle le Seigneur nous instruit. L’expérience que le psalmiste nous transmet peut aussi être faite en nous rappelant notre RELATION avec Lui : les moments où la Parole de Dieu a été pour nous «repos», la «lumière» que le Seigneur nous a donnée dans un moment de doute ou d’obscurité, la «douceur» que nous avons expérimentée dans notre relation avec Dieu… C’est une invitation à chanter du fond du cœur «Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle».
Voici
Jésus et ses disciples montent à Jérusalem, probablement en chantant, selon la coutume des pèlerins, l’un des psaumes : «Quelle fut ma joie lorsqu’ils me dirent : «Allons à la maison du Seigneur (…) pour célébrer le nom du Seigneur»» (Ps 122,1.4). Mais si nous essayons de nous joindre de tout cœur au groupe des disciples de Jésus entrant dans le temple avec leur Maître, nous pourrons peut-être percevoir l’étrangeté qu’il ressentait dans le temple. En Jésus, Dieu vient «jusqu’au bout» de l’humanité. Gratuitement. Même «malgré tout». Et l’humanité ne cherche pas à «célébrer le nom du Seigneur», mais à l’acheter. Le temple qui devait être le signe de l’alliance avec Dieu (relation !) devient «une place de marché». L’évangéliste nous dit que les disciples, en observant Jésus, se souviennent d’un autre psaume très différent : «Le zèle de ta maison me dévore» (Ps 69,10). Si les disciples de Jésus entraient aujourd’hui avec nous dans notre temple, notre lieu de rencontre avec Dieu, quel psaume chanteraient-ils ? Que chanteraient-ils en entrant dans nos cœurs ?
Si nous lisons attentivement le texte, nous voyons que ce qui est directement touché par l’indignation de Jésus, ce sont les brebis, les bœufs, les pièces de monnaie, les tables des changeurs et peut-être les étals des vendeurs de pigeons. Des choses. Pas les personnes. Il y a toujours de la place pour les personnes dans la maison du Père. Par son geste, Jésus montre clairement que dans la relation avec Dieu, nous n’avons pas besoin de marchander, d’échanger quelque chose contre ses faveurs. Dieu désire une RELATION personnelle avec nous. Ce qu’il veut, c’est que nous «célébrions son nom» et que nous le laissions jouir de nous. Et que nos vies soient enflammées, éclairées, embellies dans la relation avec Lui.
Le mot «temple» apparaît plusieurs fois dans la péricope de ce dimanche. Saint Jean souligne la différence de compréhension de sa signification entre les Juifs et Jésus. Les premiers parlent d’un bâtiment construit depuis 46 ans et qui a remplacé les précédents. Jésus parle d’abord de «la maison de mon Père», puis du «temple de son corps». Les premiers ont cessé de considérer le temple comme un lieu de rencontre avec Dieu pour faire de la religion un commerce et du temple une place de marché. Et c’est aussi une tentation pour nous de vouloir «gagner les faveurs de Dieu» à force de… Jésus indique, dans ce geste prophétique qu’il pose, que désormais ce n’est pas un bâtiment, mais lui-même qui est le lieu de la rencontre avec le Père.
Et bien sûr, nous avons besoin d’espaces concrets (églises, chapelles, oratoires…) qui nous aident à prier. Mais leur rôle est précisément de faciliter le silence et la rencontre en communion des frères et sœurs, d’entrer dans le cœur de Jésus et avec lui dans le cœur du Père dans l’Esprit Saint. C’est là que nous nous trouvons tous : en RELATION avec Jésus, dans son Cœur.
Invitation:
Toute la liturgie de la Parole de ce dimanche nous invite à revoir notre RELATION avec Dieu. Et peut-être que cela nous ferait du bien de ne pas tant y penser que de demander à Jésus ce qu’il nous dirait aujourd’hui. Peut-être y a-t-il aussi dans notre cœur un bœuf (ou une petite pièce brillante…) avec lequel nous voulons marchander avec Dieu. Il est bon que nous nous laissions rappeler par Jésus que son amour est gratuit, miséricordieux et qu’il va jusqu’à l’extrême, au-delà de notre misère. Regardons Jésus crucifié et apprenons de lui ce qu’est Dieu (et ce qu’est une personne pleinement humaine).
Sr. Alicja Grzywocz , tc
Province de Nazareth