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Lectio Divina Troisième dimanche de l’Avent

1ère lecture : Is.61,1-2a.10-11.»Je me réjouis avec le Seigneur et je me réjouis avec mon Dieu», dit Isaïe, «Mon esprit se réjouit en Dieu mon sauveur», dit Marie.

2ème lecture : 1Th 5,16-24 «Réjouissez-vous toujours», dit saint Paul.

Jean 1, 6-8.19-28 : «Je suis la voix qui crie dans le désert : «Aplanissez le chemin du Seigneur»

«Sur le chemin de ce nouvel Avent, nous sommes arrivés au dimanche de la joie, que l’Église appelle «Gaudete», un mot latin qui signifie «réjouissez-vous». Dans le contexte du dimanche de la joie de l’Avent, l’Église l’appelle ainsi pour souligner l’importance de la joie que nous ressentons à l’approche de la célébration de la naissance de Jésus. C’est un rappel que, malgré les difficultés et les défis, il y a toujours des raisons d’espérer et de se réjouir.

Décortiquons, à partir de ces textes de la liturgie, l’invitation à la joie comme toile de fond.

La première lecture, tirée du prophète Isaïe, nous permet de revenir à l’Évangile d’Isaïe :

Rappelons-nous ce texte biblique tiré de l’Évangile de Luc 4, 18-22, lorsque Jésus est venu à la synagogue le jour du Shabbat, a pris le rouleau d’Isaïe, a proclamé ce chapitre que nous avons lu aujourd’hui et qui, dans ses expressions, définit le Messie et son mandat, ratifiant d’abord qu’il est oint par l’Esprit et qu’il a été envoyé pour

  1. apporter la bonne nouvelle aux pauvres
  2. Guérir ceux qui ont le cœur brisé.
  3. Proclamer l’amnistie aux captifs et aux prisonniers de la liberté.
  4. de proclamer l’année de la faveur du Seigneur.

Arrêtons-nous sur cette dernière mission de l’envoi. José Antonio Pagola, théologien et écrivain espagnol, interprète la proclamation par Jésus de «l’année du Seigneur» dans le contexte du jubilé, un concept de l’Ancien Testament. Dans son livre «Jesús, aproximación histórica», Pagola explique que Jésus fait allusion au jubilé, une année sabbatique spéciale célébrée tous les 50 ans, au cours de laquelle la libération des dettes et la restauration des biens étaient proclamées.

Pour Jésus, la proclamation de «l’année du Seigneur» symbolisait un message de libération, de justice et de restauration holistique pour les gens.  Jésus annonçait une transformation profonde de la vie des gens, tant sur le plan spirituel que social, en mettant l’accent sur la miséricorde et l’équité.

Il ne fait aucun doute que l’annonce de la venue du Messie a rempli de joie et d’espérance ses compatriotes, sentiments presque inconcevables à une époque de l’histoire où l’on subissait le joug oppressif de l’Empire romain et de ses alliances (Pax Romana).

La liturgie de ce troisième dimanche de l’Avent poursuit en nous présentant dans le psaume la figure de Marie dans la proclamation du Magnificat, son motif de joie, sa joie la plus profonde : savoir que le Seigneur a regardé l’humilité de sa servante et en elle tous les petits et les simples, les «Anawin» (Pauvres de Yahvé).

Enfin, dans l’Évangile de ce troisième dimanche, nous continuons à identifier en Jean le prophète qui se définit aujourd’hui comme le témoin de la lumière, celui qui, comme le dit le texte biblique, confesse et ne nie pas qu’il n’est pas le Messie. Celui qui prépare le chemin du Seigneur. La voix qui crie dans le désert : «Ouvrez les chemins».

 Il y a quelques jours, Monseigneur Manilla a fait une belle déclaration à ce sujet : «Jean était la Voix, Jésus la Parole».

S. Sandra Milena Velásquez B, tc

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Lectio Divina Deuxième dimanche de l’Avent

Lecture du prophète Isaïe Is 40:1-5. 9-11. «Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur.

Psaume 84 : «Montre-nous ta miséricorde, Seigneur, et donne-nous ton salut».

 

Deuxième lettre de l’apôtre Pierre, 3, 8-14.

Marc 1, 1-8 : Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur,

En ce deuxième dimanche de l’Avent, Isaïe concrétise la mission de tout prophète en disant : «Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur, parlez au cœur de l’homme». Dès la première lecture, il présente Jean de manière intrinsèque, il le définit comme la voix qui crie dans le désert, comme le héraut, le messager. Mais en même temps, il nous révèle sa double mission : d’abord, nous le voyons comme un prophète qui émerge dans un scénario historique compliqué pour nous donner de l’espoir, et plus tard comme un prophète qui exige un changement d’attitude. Mais le plus important est la définition que le prophète et, plus tard, l’évangéliste donneront de lui, en expliquant la raison de sa présence particulière en ce moment : «Une voix qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers».

L’entrée du précurseur, du Messie sur la scène de l’histoire est le thème de l’évangile d’aujourd’hui. Luc nous conduit sur un itinéraire très clair dans lequel il présente la figure de Jean le Baptiste à partir de trois références directes :

Un regard sur le cadre historique dans lequel Jean a commencé son ministère (3,1-2a).

L’Évangile est clair, l’œuvre de Jean et de Jésus s’inscrit dans un contexte historique précis, où se détachent les figures des dirigeants. C’est pourquoi l’intention de ce deuxième dimanche de l’Avent est de noter que Dieu parle à travers son précurseur qui apporte une double annonce, comme nous l’avons déjà dit.  Dieu entre dans l’histoire, il prend notre parti dans les circonstances ordinaires de la vie humaine. Les personnages mentionnés sont directement ou indirectement liés au ministère de Jean et de Jésus ; leurs relations avec les autorités seront conflictuelles. Une confrontation nécessaire mais risquée, telle est la mission de Jean.

Nous connaissons tous l’issue cruelle de la mission de Jean et pourtant l’Évangile ne promeut pas une attitude défaitiste face au pouvoir qui fait taire les prophètes par des méthodes violentes. L’évocation de ces personnages au pouvoir destructeur vise à transmettre une bonne nouvelle : nous ne sommes pas complètement livrés aux pouvoirs historiques, puisque le dernier mot sur le destin du monde revient à Dieu, le Seigneur de l’histoire. Avec la venue de Jésus, dont Jean-Baptiste prépare le chemin, Dieu brise le cycle de fer et le cours inamovible des forces historiques qui oppriment l’être humain en accaparant tout, comme nous le verrons plus en détail le troisième dimanche de l’Avent. Jésus et le dernier des prophètes entrent donc dans la scène étroitement liée à cette histoire.

La présentation de la vocation du prophète (3,2)

Jean est la voix qui crie dans le désert et il vaut la peine de s’arrêter sur ce symbolisme : le «désert» nous renvoie aux origines du peuple d’Israël dans l’exode et nous ramène même aux débuts de l’histoire. Le désert évoque l’aridité, la solitude, l’anonymat, la peur, le manque, le désespoir. Nous y frôlons la mort. Le désert est le lieu où, si vous criez, personne ne vous entend ; où, si vous vous effondrez épuisé sur le sable, il n’y a personne pour vous soutenir.

Que signifie alors écouter la voix de Dieu dans le désert, la proclamer aussi dans le désert ? Cela signifie que nous devons entendre l’inaudible et proclamer l’indicible, en surmontant tous les obstacles qui frustreraient notre mission et réduiraient au silence notre proclamation.

Et enfin un résumé de l’essence de la mission prophétique de Jean (3,3-6).

Notre époque n’est pas différente de celle de Jean, nous avons toujours un profond besoin de conversion, et la conversion signifie revenir en arrière pour retracer nos faux pas et affermir nos pas sur le bon chemin. Jean a préparé le chemin du Seigneur, plus par sa vie que par ses paroles, en s’efforçant de ne jamais tomber dans l’autoréférentialité et en donnant à Jésus la place qui lui revient, d’abord dans sa propre vie et ensuite dans l’histoire. Préparer le chemin, c’est tout préparer pour ceux qui, par le même chemin, arriveront à la destination attendue, et cela doit nous faire réfléchir : comment avançons-nous sur ce chemin, qui est la vie elle-même ? Nos empreintes serviront-elles de référence aux autres pour arriver à une destination unique, qui est l’amour, ou au contraire, nos empreintes les conduiront-elles sur des chemins confus et erronés ? Savons-nous discerner le chemin à suivre ou avançons-nous à tâtons dans la vie ? Dieu ne reporte pas ses promesses, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture, il est venu sur notre terre, dans notre histoire, dans notre famille. Dans quelle mesure notre certitude est-elle profonde et sous quelles présences quotidiennes reconnaissons-nous Dieu avec nous ?

Soyons reconnaissants pour ces présences et validons-les dans notre propre histoire. Maranatha !

S. Sandra Milena Velásquez B, tc

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Lectio Divina, premier dimanche de l’Avent.

Isaïe 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 : Si tu pouvais fendre les cieux et descendre !

Psaume 79 : O Dieu, rétablis-nous, fais briller ta face sur nous et sauve-nous !

1 Corinthiens 1, 3-9 : Nous attendons l’apparition de Jésus Christ.

Marc 13, 33-37 : Veillez à ce que le maître de maison vienne.

 

Aujourd’hui, nous commençons une nouvelle année liturgique et, avec elle, nous renouvelons notre enthousiasme et notre espérance.

Quel meilleur mot pour définir l’Avent que celui d’espérance ?

Qui n’a pas ressenti que la liturgie de l’Avent est un air de renouveau qui remplit nos cœurs de joie et de consolation ?

Dans la liturgie de ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons par nous situer vers la fin du livre d’Isaïe, qui est un recueil d’oracles de différents prophètes tout au long de l’histoire d’Israël. Le passage que nous lisons aujourd’hui appartient au «Troisième Isaïe» (Is 56-66), qui a vécu à une époque difficile de reconstruction après l’exil, ce qui se reflète dans ses paroles pleines d’émotions intenses, allant jusqu’aux pleurs.

Dans la première lecture, Isaïe exprime un cri d’attente, une aspiration, un désir profond et sincère : «Voudrais-tu déchirer les cieux et descendre ! Il représente le désir le plus profond du peuple d’Israël d’être habité par le Messie, mais la voix du prophète révèle et met en question le double langage d’un peuple qui attend et qui, ce faisant, ne prépare pas le chemin pour sa venue ; contaminé par l’injustice, un péché totalement méprisable aux yeux de Yahvé, parce qu’il va à l’encontre de l’éthique du peuple, de l’alliance du Sinaï, de la promesse d’être le peuple de Dieu, il va à l’encontre de l’alliance, non seulement conclue avec lui, mais plus encore entre eux.

Cette teinte eschatologique de la première lecture nous met en alerte, surtout si nous reconnaissons que nous sommes ce même peuple, le peuple de l’alliance, et que nous contournons souvent nos choix de conscience en désirant sa présence dans nos vies et en transgressant l’engagement à l’unité et à la justice que nous avons contracté.

Les dernières paroles du prophète Isaïe actualisent les premières pages de la Genèse. Elles soulignent la figure de Dieu comme Père, créateur et restaurateur de la vie : «Toi, Seigneur, tu es notre Père»…. «Tu es toujours notre Père».

Cette image renouvelle l’espérance. La venue de Dieu exige également une volonté de s’approcher de lui. La prière qui reconnaît la douleur, recherche le pardon et chante l’espoir est le moyen de le rencontrer. Elle vient du cœur, avec la certitude que Dieu se soucie profondément de notre situation et qu’il viendra à nous, comme il l’a fait dans le passé. Ce passage a des implications dans le Nouveau Testament. La naissance de Jésus à Noël accomplit la prophétie d’Isaïe : les cieux s’ouvrent et, en Jésus, Dieu rencontre l’humanité. Il reviendra à la fin des temps, comme Jésus le fait savoir à ses disciples dans la parabole de l’Évangile.

Le psalmiste intervient en criant à la restauration et invoque humblement Dieu en disant : «Ô Dieu, restaure-nous, fais briller sur nous ton visage et sauve-nous».

La deuxième lecture, tirée de la première lettre aux Corinthiens, nous rappelle que Dieu est fidèle et qu’en nous appelant à la communion avec son Fils, il veut que nous soyons irréprochables dans l’amour, en nous assurant qu’il ne nous manque aucun don pour parvenir à cette communion. Comme Benoît XVI nous l’a dit dans son encyclique Dieu est amour, «l’amour peut être commandé parce qu’il a d’abord été donné». (14)

Enfin, Marc dans l’Evangile nous rappelle que la préparation de la venue du Seigneur exige une attitude permanente de vigilance car nous ne connaissons ni le jour ni l’heure.

Le verbe «veiller» apparaît dans la parabole à quatre reprises. Mais qu’implique exactement le commandement de Jésus de «veiller» ? Le mot grec «gregoreo» signifie d’abord «être éveillé». Toutefois, cela ne signifie pas que les disciples ne peuvent pas dormir (physiquement, ce serait impossible). Dans ce contexte, les disciples doivent être vigilants et attentifs pour reconnaître la venue du Seigneur à un moment incertain.

Il s’agit d’un appel à un réveil plus profond. Ne pas dormir peut s’exprimer ainsi : nous devons être vigilants dans l’obscurité de l’histoire, avec toute notre existence concentrée sur la suite de Jésus si nous voulons être témoins de la venue du Royaume, car nous risquons de l’oublier, lui et ses enseignements, puisqu’il n’est pas visiblement présent. Les serviteurs «vigilants» sont ceux qui sont toujours prêts à recevoir et à répondre.

Que le Seigneur nous trouve éveillés et qu’il dirige la part qu’il nous a confiée avec amour, dignité et justice. Que nos œuvres, plus que nos paroles, réparent tous les signes de douleur, de contradiction et d’injustice qui existent dans notre monde, ceux que nous avons nous-mêmes provoqués et ceux que, même si nous ne les avons pas provoqués, nous pouvons réparer. N’oublions pas que, comme François d’Assise et Luis Amigó, conscients de leur mission, nous sommes appelés à être opérationnels, proactifs et dynamiques, et surtout à écouter la voix du Seigneur qui, par la puissance de son esprit, inspire chacune de nos paroles et de nos actions.

Célébrons l’espérance qui nous remplit de certitude et nous pousse à aller de l’avant ! L’Avent nous invite à renouveler notre confiance dans le salut à venir, à nous libérer du désenchantement et à attendre avec joie la venue du Seigneur. Par l’écoute priante de la Parole, laissons notre prière nous conduire à crier : «Viens, Seigneur Jésus !».

Sandra Milena Velásquez Bedoya

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En savourant la pentecote à la lumiere des saintes ecritures

Le livre des Actes des Apôtres raconte que Paul trouva une fois à Ephèse un groupe des chrétiens inconnus. Il a été étonné par quelque chose puisqu´il leur demanda : « Aviez-vous reçu l´Esprit lorsque vous aviez commencé à croire ? »  La réponse fut nette : « Nous n´avions même pas entendu qu´il y ait un Esprit Saint ». Si Paul nous demandait aujourd´hui la même chose, beaucoup des chrétiens vous devriez répondre : «Je sais, depuis enfant, qu´il y a un Esprit Saint. Mais je ne sais pas à quoi sert-il, il n´a aucune influence dans ma vie. Moi j´ai assez avec Dieu et Jésus ». Cette réponse est sincère mais elle est erronée. Les paroles qu´il vient de prononcer il les a dit poussé par l´Esprit Saint. Il a en sa vie plus d´influence que ce qu´il pense. Et ceci nous le savons grâce aux discussions et bagarres entre les chrétiens de Corinthe.

L´importance de l´Esprit  (1 Corinthiens 12, 3b-7. 12-13)

Les corinthiens étaient des spécialistes à créer des conflits. Une chance pour nous, puisque grâce à ces discussions nous avons les deux lettres que Paul leur écrira. Celle qui a été á l´origine de la lecture d´aujourd´hui n´est pas claire parce que le texte, pour ne pas perdre l´habitude, a été mutilé. Celui qui se dérangait un peu pour lire le chapitre 12 de la première lettre aux Corinthiens, se rendra compte du problème : quelques-uns se considèrent supérieures aux autres et ne valorisent pas ce qu´ils font.

La section supprimée dans la lecture (versets 8-11) décrit la situation au Corinthe. Les uns se vantent de parler très bien dans les assemblées ; d´autres, de savoir tout ce qui est important ; quelques-uns se font remarquer par leur foi ; d´autres parvient à faire des guérisons et il y a même, qui font des miracles ; les plus conflictuels sont ceux qui se vantent de parler avec Dieu en langues étranges, que personne ne comprend, et ceux qui se considèrent capables d´interpréter ce qu´ils disent.

Paul commence par la base. Il y a quelque chose qui les unit tous : la foi en Jésus, le confesser comme Seigneur, même si le César romain revendique pour soi-même ce titre. El cela ils le font grâce à l´Esprit Saint. Cette unité n´exclut pas la diversité des dons spirituels, les activités et les fonctions. Mais, dans la diversité ils doivent voir l´action  de l´Esprit, de Jésus et de Dieu le Père. Après cette formule presque trinitaire, il insiste  en ce que c´est l´Esprit  qui se manifeste en ces dons, activités et fonctions, qu´Il donne à chacun  pour le bien commun.

En plus, l´Esprit ne donne pas seulement ses dons, il unit aussi les chrétiens. Grâce à lui, dans la communauté il n´y a pas des différences motivées par l´origine (juifs-grecs)  ni par les classes sociales (esclaves-libres).

En définitive, tout ce que nous sommes et ce que nous avons est fruit de l´Esprit, parce que c´est la forme  dans laquelle Jésus ressuscité continue à être présent parmi nous.

Comment commença l´histoire ? Deux versions très différentes.   

Si à un chrétien de formation religieuse moyenne lui demandent comment et quand est venu pour la première fois l´Esprit Saint, le plus probable est qu´il fasse référence au jour de la Pentecôte. Et s´il a une culture artistique, il se rappellera le tableau du Greco, même si, peut-être, il ne se sera pas rendu compte que, à côté de la Vierge, se trouve Marie Madeleine, représentant le reste de la communauté chrétienne (cent vingt personnes selon Luc).

Mais il y a une autre version : celle de l´évangile de Jean.

La version de Jean 20, 19-23

La version qui offre le quatrième évangile est très différente. En ce brève passage nous pouvons distinguer quatre moments : la salutation, la confirmation de ce que c´est Jésus qui apparait, l´envoi et le don de l´Esprit.

La salutation est l´habituelle entre juifs : « la paix soit avec vous ». Mais en ce cas, il ne s´agit pas de pure formule, parce que les disciples, qui crèvent de peur à cause des juifs, ont vraiment un grand besoin de paix.

Cette paix, c´est la présence de Jésus  qui la leur donne, chose qui semble impossible parce que les portes sont fermées. En leur montrant mains et pieds, Il confirme que c´est réellement Lui. Les signes de la souffrance et de la mort, les mains et les pieds traversés par les clous, deviennent des  signes du salut, et les disciples se remplissent  de joie.

Tout aurait pu terminer ici, avec la paix et la joie qui remplacent la peur. Mais, dans les récits des apparitions ne manque jamais un élément essentiel : la mission. Une mission qui culmine le plan de Dieu : le père envoya Jésus, Jésus envoya les apôtres. (Étant donnée le manque actuel des vocations des prêtres et des religieux, ce n´est pas un mauvais moment pour rappeler un autre passage de Jean, où Jésus dit ; »Priez le maître de la moisson qu´il envoie des ouvriers à sa moisson »).

La fin est constituée par une action surprenante : Jésus souffle sur les disciples. L´évangéliste ne dit pas s´il le fait sur tous ensemble ou s´il le fait sur chacun. Ce détail n´a pas d´importance. Ce qui compte c´est le symbolisme.  En hébreu, le mot ruaj peut signifier « Vent » et Esprit ». Jésus en soufflant (qui rappelle le vent) infuse l´Esprit Saint. Ce don est étroitement lié avec la mission que l´on vient de leur confier. Tout au long de leur activité, les apôtres entreront en contact avec des nombreuses personnes ; parmi celles qui désirent  devenir chrétiennes il faudra distinguer entre celles qui peuvent être acceptées en communauté (en leur pardonnant les péchés) et celles que non, du moins temporairement ( leur retenant les péchés).

José Luis Sicre

 

PRIÈRE EN PENTECOTE   

Esprit Saint, tu habites notre cœur et tu consacres tout ce qui est. Fais de nous ta nouvelle humanité.

Tu es le Dieu vivant en qui je crois et en qui j´espère. Tu nous humanises pour que nous puissions communier en ta divinité.

Je crois en toi …Dieu qui fait lever  la vie à chaque instant.

Je crois en toi … Dieu qui manifeste son pouvoir dans la tendresse et la fragilité.

Je crois en toi Dieu amour qui te révèles dans le regard franc, le sourire joyeux, les larmes et les sanglots, dans le silence et dans l´accolade.

Je crois en toi, Dieu qui te montres à nous dans les yeux qui rêvent, dans le sein ému, dans les mains ouvertes, dans les bras disposés, dans le visage indigné et vivant.

Je veux vivre conscient de ta présence ; dans la joie et dans la peine, dans l´effort et dans la fatigue, dans la certitude et dans le doute, dans les adversités et dans la fête, dans chaque naissance et dans chaque deuil.

Je veux vivre consciemment ce présent que tu m´offres.

Avec toi, par toi et en toi, je veux être qui je suis.

Je t´aime et je veux que tu me  meuves à aimer librement les autres. Je t´aime et je veux aimer avec ton amour, chaque créature et toute la Création.

Lorsque je m´irrite, apaise-moi. Avec qui je m´exaspère, fais-moi sentir patience et empathie.

Donne-moi d´être don et bénédiction pour la personne avec qui je me rencontre, que j´aime déjà, donne-moi d´aimer en gratuité, de ne pas dépendre ni prétendre posséder.

Que nous nous laissions aimer et que nous sachions recevoir avec gratitude des autres.  

Libère-nous de la méfiance et de la peur. Libère-nous de toute dépendance et addiction, de tout mensonge et crispation. Guéris-nous de la cécité qui nous empêche de nous rendre compte  que la fraternité nous unit.

Libère-nous de continuer à chercher à satisfaire notre propre « moi » ! Libère-nous de la recherche compulsive du confort individuel ¡

Réveille-nous pour que nous soyons conscients que nous sommes communauté. Que nous aspirions avec passion au bien commun. Ravive en chaque personne  la générosité pour se donner et pour donner. Que chacun soigne les autres avec soin.

Remplis de Toi le cœur de toute l´humanité.

Dissipe les peurs et fais disparaître la rancœur. Que nous rêvions avec force le royaume de la Vie.

Esprit saint, consacre toute la création et fais de nous ta nouvelle humanité.

Esprit saint : je sais que tu m´habites et que j´habite en toi…

Quelques fois je suis parvenue à le sentir, comme si c´était plus conscient …Quelques fois, j´ai  pressenti sans le comprendre, comme avec plus de lucidité … Souvent, je ne sens pas, je ne comprends pas, je ne me rappelle même pas que tu es en moi et que nous sommes en Toi …Mais je crois … je crois en Toi, Esprit Divin de la création …

Je crois parce que je veux le croire de plus en plus, à Jésus, qui m´a révélé ta présence vivante et discrète en tout ce qui est …Je crois, de plus en plus, qu´il ne s´agit pas de moi ni de ce que j´aie  vie, mais de Toi en tout et de ce que tu m´offres d´être partie de la Vie.

C´est pourquoi je veux initier cette semaine-ci  et chacune des semaines de mon histoire ;  chaque jour et chaque instant de mon histoire, en t´invoquant et en t´évoquant. J´accepte heureuse que tu remplisses mon corps, mon intellect, mon affection, et jusqu´au plus silencieux de mon esprit ¡

Merci pour chaque sensation, pour tout ce que je perçois et que je capte. Merci pour chaque sentiment et chaque émotion, pour tout ce que je vis et ce que j´exprime. Merci pour chaque souvenir, chaque idée, chaque moment de communication. Merci pour chaque visage qui habite mon cœur. Merci pour le silence, chaque fois plus plein de ton divin amour.

Je désire me laisser mouvoir pour ton action. Je désire jaillir, non pas passivement ni avec résignation mais avec confiance, attention et joie.

Je désire me libérer de n´importe quel besoin et quel désir, me détacher et lâcher, dire « adieu »sans m´attacher, mais savoir me donner et toujours aimer.

Je te consacre mon être et je veux que tu combles les personnes avec qui je partage cette histoire.

Je désire que tu règnes en toute la création et que toute l´humanité, nous soyons de plus en plus conscientes de ton amour qui unit sans fusionner, qui encourage sans soumettre, qui illumine sans éblouir, qui donne vie en se donnant et sans laisser d´aimer.

Merci, Esprit Saint ¡ Merci et amen avec toute l´humanité ¡

Rogelio Cárdenas

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La vie consacrée marchant en espérance

Le deux février dernier, fête de la Présentation du Seigneur au temple, l´Église  a célébré la Journée Mondiale de la Vie Consacrée.

Une Eglise sans vie consacrée est une église appauvrie. Non pas parce que les personnes consacrées soient meilleures ou plus saintes, mais parce que la vie consacrée manifeste la richesse et l´abondance des charismes et de styles de vie qu´il y a dans le corps du Christ. Et ces personnes, avec leur façon particulière de vivre, pas seulement par son veux ou promesse de chasteté, mais par l´ensemble de sa vie, signalent le but auquel est appelé  tout chrétien, ce but où Dieu sera tout en toutes choses, c´est-à-dire, le déterminant de toute réalité, et, pour cela il ne sera plus nécessaire de prendre femme ni mari, parce que nous serons tous comblés par l´amour de Dieu et par l´amour sans limite et sans mensonges  des frères.

La devise de cette année est : « La vie consacrée, marchant en espérance ». C´est une bonne devise. Une des choses dont les gens, et aussi les consacrées, ont le plus besoin, est l´espérance. Sans espérance la vie devient triste, perd sa force, n´a pas d´âme. Aujourd´hui certains mesurent la vitalité de la vie consacrée à partir des numéros : Combien des novices il y a dans la congrégation ? Grave erreur, parce que les numéros ne signifient pas grande chose et ils donnent toujours un ou un autre résultat selon les autres numéros avec lesquels on les compare. Celui qui soutient l´espérance est Dieu. Selon le type de relation que nous aurons avec Lui  ainsi sera notre espérance. C´est pourquoi, ce qui est important dans la vie consacrée est la fidélité.  La mission aussi. Et, certainement, dans le cas de la vie religieuse, la communauté. Mais tout cela est soutenu par notre foi en Dieu.

En marche, donc.  Le chemin est permanent. Marchant dans la foi, la fraternité, la mission, le service aux frères. En marchant, signifie aussi, actualiser le charisme, le mettre en consonance avec les besoins actuelles de l´Eglise et de la société. Les œuvres passent, le charisme demeure. Le charisme est créatif, il cherche toujours des chemins nouveaux.

Un charisme qui ne s´actualise pas, meurt.  La répétition peut être la plus grande des infidélités. Marchant en espérance. Les marcheurs ont besoin d´espérance, d´avoir des garanties de ce que leur chemin est le bon parce qu´il conduit au but désiré. Espérance parce que nous savons que, malgré nos limites et notre petitesse, le Seigneur ne nous abandonne pas. La vie consacrée est semblable à une semence  qui semble très petite, mais les bons cultivateurs savent que, un jour elle deviendra un arbre feuillu. Si nous ne regardons que la semence, nous nous décourageons. Si nous imaginons l´arbre feuillu, nous marchons joyeux et nous continuons à avancer même si, parfois, le chemin est dur.   

MARCHANT  EN  ESPERANCE

Nous ne marchons pas  seuls.

Le Christ nous unit. Avec Lui. Entre nous.

Et avec ceux qui vivent, pleurent, aiment, aspirent,

Grandissent, lutent, et espèrent.

Chaque jour plus nus et sans assurance.

Chaque fois plus près de la croix et loin des piédestaux.

Chaque jour plus loin de modes et des inerties.

Chaque jour plus capables de rire de nos prétentions

 et de prendre au sérieux les siennes.

Les uns, encore  hésitants, faisant les premiers pas,

D´autres, exigés par le rythme des journées intenses

Et d´autres, déjà épuisés

Et, certains , déjà usés, entrevoyant le but- qui est une accolade-

Ensemble. Marchant en espérance.

Hommes et femmes de Dieu,

Consacrés à une mission, à une aspiration au projet de qui nous a invités

 à partager son chemin.

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Extrait de la contemplation de la beauté

Joseph Ratzinger

Chaque année, dans la liturgie des heures du temps de carême, je suis chaque fois touché par le paradoxe du lundi de la deuxième semaine du Psautier. Là on trouve, ensemble, deux antiennes, une pour le temps de Carême et une autre pour la Semaine sainte. Tou deux introduisent le psaume 44, mais elles le font avec des clés d´interprétation radicalement contraposées.  Le psaume décrit les noces du Roi, sa beauté, ses vertus, sa mission, et, juste après, il exalte la figure de l´épouse. Au temps de carême, le psaume est introduit par la même antienne du temps ordinaire. Le troisième verset prie : «  Tu es le plus beau des hommes ; en tes lèvres est versée la grâce ».

 C´est claire que l´Église  lit ce psaume comme une représentation poétique-prophétique de la relation  entre le Crist et l´ Église comme époux. Ella reconnait le Crist comme le plus beau des hommes ; la grâce versée en ses lèvres manifeste la beauté intérieure de sa  parole, la gloire de son annonce. Ainsi, pas seulement la beauté extérieure avec laquelle apparait le Rédempteur est digne d´être glorifiée, mais, en Lui, surtout, s´incarne la beauté de la Vérité, la beauté de Dieu même, qui nous attire vers Lui et, en même temps, ouvre en nous la blessure de l´Amour, la sainte passion (« eros ») qui nous fait cheminer, dans l´Église épouse et, avec elle, á l´encontre de l´Amour qui nous appelle.  Mais, le mercredi de la Semaine Sainte, l´Église change l´antienne et nous invite à lire le psaume à la lumière d´Isaïe :  « sans figure, sans beauté. Nous l´avons vu sans aspect attrayant, avec le visage défiguré par la douleur » (Is 53,2).Comment concilier ces deux affirmations ? « Le plus beau des hommes » est d´aspect tellement misérable, qu´on ne veut pas le regarder. Pilate le montre à la multitude en disant : « Celui-ci est l´homme », essayant de susciter la pitié pour l´Homme méprisé et maltraité à qui ne reste plus aucune beauté extérieure. Saint Augustin, qui dans sa jeuneuse écrivit un livre sur le beau et le convenable, et qui appréciait la beauté dans les paroles, dans la musique et dans les arts figuratives, perçu avec grande force cette paradoxe et se rendit compte que, en ce passage, la grande philosophie grecque de la beauté non  pas seulement se refondait, mais elle se mettait dramatiquement en discussion : Il faudrait discuter et expérimenter à nouveau ce que c´était la beauté et sa signification. Se référant au paradoxe de ces textes il parlait de deux trompettes qui sonnent contraposées, mais qui reçoivent le son du même souffle d´air, du même Esprit. Il savait que le paradoxe est une contraposition mais pas une contradiction. Les deux affirmations proviennent du même Esprit qui inspire toute l´écriture et qui, malgré cela, elle sonne avec des notes différentes et, justement ainsi, nous place face à la totalité de la vraie Beauté, de la Vérité même.

Du texte d´Isaïe  nait, avant tout, la question dont les Pères de l´Église se sont occupés : si le Crist était beau ou pas. Ici se cache la question la plus radicale : si la beauté est vraie ou si, au contraire, la laideur est ce qui nous conduit à la profonde vérité de la réalité. Celui qui croit en Dieu, dans le  Dieu qui justement dans les apparences altérées du Christ crucifié s´est manifesté comme amour « jusqu´au bout » (Jn 13,1), sait que la beauté est vérité  et que la vérité est beauté , mais dans le Christ souffrant il comprend aussi que la beauté de la vérité inclut  l´offense, la douleur et même l´obscur mystère  de la mort, et que l´on ne peut rencontrer la beauté qu´en acceptant la douleur et non pas l´ignorant.

La profondeur de la blessure  révèle déjà quelle est la pique, et l´intensité du désir laisse entrevoir qui a lancé la fléchette »

La beauté blesse, mais justement de cette façon elle rappelle à l´homme sa destinée ultime. La beauté est connaissance, certainement ; une forme supérieure de connaissance, puisque elle touche l´homme avec toute la profondeur de la vérité.  En ce sens Kabasilas continue à être totalement grec   , puisqu´il met la connaissance  en premier lieu. « Origine de l´amour est la connaissance – affirme-t-il- ; la connaissance génère l´amour ».

La vraie connaissance se produit lorsqu´on est atteint par la pique de la Beauté qui blesse l´homme, nous voyant touchés par la réalité, « par la présence personnelle du Christ lui-même », comme il l´affirme. En étant atteints et captivés par la beauté du Christ il se produit une connaissance plus réelle et profonde que la simple déduction rationnelle. Certainement nous ne devons pas mépriser la signification de la réflexion théologique, de la pensée théologique exacte et rigoureuse, qui continue à être absolument nécessaire. C´est pourquoi, mépriser ou rejeter l´impact que la Beauté  provoque dans le cœur suscitant une correspondance comme une vraie forme  de connaissance appauvrit et rend plus aride autant la foi que la théologie.  Nous devons revenir à retrouver cette forme de connaissance. Il s´agit d´une exigence urgente pour notre temps.

Quand nous nous laissons émouvoir par l´icône de la Trinité de Rublëv dans l´art des icônes, de même que dans les œuvres des grands peintres occidentaux  du roman et du gothique, cela devient visible en partant de l´intériorité et l´on peut participer en elle. Pavel Evdokimov a décrit de façon significative le parcours intérieur qui suppose l´icône. L´icône n´est pas simplement la reproduction de ce que les sens perçoivent ; plutôt, il suppose ce qu´il définit comme « un jeûne du regard ». La perception intérieure  doit se libérer de la simple perception des sens pour,  moyennant la prière et l´ascèse, acquérir une nouvelle et plus profonde capacité de voir ; elle doit parcourir le pas de ce qui est simplement extérieur à la réalité en sa profondeur, de façon que l´artiste voie ce que les sens ne voient pas par eux-mêmes et, malgré cela elle apparait dans le champ du sensible : la splendeur et la gloire de Dieu , « La gloire de Dieu qui est dans le visage du Christ »(2Co 4,6). Admirer les icônes, et en général les grands tableaux de l´art chrétien, nous conduit par une voie intérieure, une voie de dépassement de soi-même et, en cette purification du regard, qui est purification du cœur, nous révèle la Beauté, ou du moins un rayon de sa splendeur. Justement de cette façon on nous met en relation avec la force de la vérité.

J´ai affirmé souvent que je suis convaincu de ce que la vraie apologie de la foi  chrétienne, la démonstration la plus convainquent de sa vérité contre n´importe quelle négation, se trouve, d´un côté, en ses saints et, de l´autre ,dans la beauté que la foi génère. Pour que, actuellement, la foi puisse grandir, autant chez nous que chez les hommes que nous rencontrons, nous devons nous diriger vers les saints et ver le Beau.

Mais, maintenant il faut répondre à une objection  qui revêt aujourd´hui plus d´importance : le message de la beauté se met radicalement en doute au travers du pouvoir du mensonge, la séduction, la violence et le mal. Peut-elle la beauté être authentique ou, en définitive elle n´est plus qu´une vaine illusion ? La réalité n´est- elle pas, par hasard,  maléfique  au fond?

La peur à ce que la pique de la beauté ne puisse pas nous conduire à la vérité, mais que le mensonge, la laideur, et   le vulgaire soient la vraie « réalité », a angoissé les hommes de tous les temps. Actuellement cela s´est reflété dans l´affirmation de ce  que, après Auschwitz, il serait impossible de revenir à parler d´un Dieu bon. Nombreux se demandent : Où était Dieu pendant que les fours crématoires fonctionnaient ? Cette objection pour laquelle il existait des raisons suffisantes avant Auschwitz dans toutes les atrocités de l´histoire, indique qu´un concept purement harmonieux de beauté n´est pas suffisant. Il ne soutient pas la confrontation avec la gravité de la mise en  doute de Dieu, de la vérité et de la beauté.  

De cette façon nous revenons aux « deux trompettes » de la Bible d´où nous étions partis, au paradoxe pour lequel on peut dire du Christ : « Tu es le plus beau des hommes » et « sans figure, sans beauté (…) son visage est défiguré par la douleur ». Dans la passion du Christ l’esthétique grecque, si digne d´admiration par son pressentiment du contact avec le divin qui, malgré cela reste ineffable pour elle, n´est pas abolie mais dépassée.  L´expérience du beau reçoit une nouvelle profondeur, un nouveau réalisme. Celui qui est la beauté même s´est laissé défigurer le visage, cracher dessus et couronner d´épines. Le drap saint  de Turin nous permet d´imaginer tout ceci de façon émouvante. Justement en ce Visage défiguré apparait l´authentique et suprême beauté : la beauté de l´amour qui va «  jusqu´à l´extrême ». et que , pour cela, se révèle plus forte que le mensonge et la violence.

Celui qui a perçu cette beauté sait que la vérité a le dernier mot sur le monde et non pas le mensonge. N´est pas  « vérité » le mensonge mais la Vérité.  Nous devons le dire ainsi : Un nouveau truc du mensonge est de se présenter comme vérité et nous dire : au-delà de moi il n´y a rien, cessez de chercher la vérité, ou, encore pire, de l´aimer, parce que si vous agissez ainsi vous marchez par le chemin érroné.  L´icône du Christ crucifié nous libère de la tromperie aujourd´hui si étendue. Mais il met comme condition  que nous nous laissions bléser avec Lui et que nous croyions en l´Amour qui peut courir le risque de laisser la beauté extérieure  pour annoncer de cette façon la vérité de la Beauté.

Le mensonge emploie aussi un autre truc : La beauté fallacieuse, fausse, qui aveugle et ne fait pas sortir l´homme de soi-même et l´ouvrir à l´extase de s´élever aux hauteurs, mais que l´emprisonne totalement et l´enferme en soi-même. C´est une beauté qui ne réveille pas la nostalgie  pour l´indicible, la disponibilité pour l´offrande, l´abandon de soi-même, mais qui provoque l´envie, la volonté de pouvoir, de possession et de plaisir sans plus.

Il est bien connue la fameuse question de Dostoïevski : «  La Beauté nous sauvera ? Mais dans la plus part des cas on oublie que Dostoïevski  se réfère ici à la beauté rédemptrice du Christ. Nous devons apprendre à le voir. Si nous  le connaissons seulement de parole sans être transpercés par la pique de sa beauté paradoxale ,nous ne le connaissons pas en vérité mais seulement d´ouï. Mais si la pique de sa beauté nous a transpercés alors nous aurons trouvé la beauté de la Vérité, de la Vérité  rédemptrice. Rien peut nous approcher plus de la beauté qui est le Christ lui-même, que le monde de la beauté que la foi a créé et la lumière qui resplendit dans le visage des saints, par laquelle devient visible sa propre lumière.    

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Noel dès le coeur de la sainte famille

 « Un enfant nous est né et il est prince de la paix » (Is 9, 5-6)

Entrer dans le climat, dans l´ambiance, à l´abri du foyer de Marie et de Joseph, pour nous introduire doucement, en un silence absolu et, si possible, en leur intériorité, avec les sentiments délicats qui offrent les motions de l´l´esprit libre, qui sait de l´anéantissement profond, des  finesses de l´âme et de  la joie qui transcende ces coordonnées sensibles de l´histoire , c´est suivre pas à pas leur pèlerinage, Marie et Joseph dans l´attente de notre Emmanuel.

Aller à Bethlen, voyage qu´il faut faire, avec peu des choses, empressés, mais avec la joie qui agrandit le cœur, allume des lumières dans les yeux et dispose l´être pour chanter et proclamer avec le Baptiste : « aplanissez le chemin, préparez les sentiers à notre Bien qui arrive » (Is 40,3 ; Mt 3,3).

Marie et Joseph savent que l´heure  approche, savent que le Dieu Enfant va faire irruption dans l´univers,(Michée 5,1-12) à Bethlen , en une crèche, où les sans raison , disposent leur espace pour donner accueil, chaleur, proximité…Tout l´être de Marie est ouverture inconditionnelle, pour laisser transparaitre le trésor , la lumière , l´Attendu, la promesse , la vie même… il y a un silence profond et un mystérieux houle  de paix…qui n´est interféré que par le joyeux et tendre chant du « Gloire à Dieu au ciel et dans la terre paix aux hommes au cœur ardent » (Lc 2,14). Les cieux et la terre applaudissent, les étoiles éclairent  avec un plus grand éclat, les chants des oiseaux commencent en même temps   une symphonie gracieuse  à ce nouveau-né qui, dans un étable, instaure la richesse de Dieu, dans la terre (Is 9,5).

Joseph et Marie  absorbés, entrecroisent leurs regards, silencieux, sourient et adorent la présence de l´Amour dans l´univers. . (Is 9,2) Marie le serre dans ses bras, parce que, tout son cœur, son être de femme, contemple maintenant émue le Fils du Père, devenu humain, tendre, enfant, faible …Joseph observe la mère avec l´Enfant, sans autre attitude que celle d´adorer, contempler … Elle, la Mère, recueille sa joie immense dans des larmes copieuses, qui descendent par ses joues et même, arrivent jusqu´au petit et le font sourire … Quel langage celui de l´amour, quel langage celui de  la pauvreté , l´anéantissement, le dépouillement, de notre Dieu. Quel langage découvre celui qui comprend les mystères de l´amour, présence, charme, proximité, rêves, parce que, un Enfant nous a été donné, on nous a fait cadeau d´un frère de chemin (Is 9,5).

Et Joseph continue pas-à-pas le mystère qui maintenant devient si proche, si palpable : Celui qui possède l´univers, parce qu´il sorti de ses mains, tremble maintenant de froid, lui qui fit jaillir ce merveilleux ensemble d´harmonie qu´est le cosmos et, en lui, l´homme, gémit d´amour. Quel merveilleux échange, il laisse le sien, prend le nôtre, le nôtre faible, caduc, le sien éternel, immutable. Joseph et Marie, ensemb, continuent à l´observer, ils ne veulent perdre une seule de ses expressions … ses yeux sourirent et pleurent d´amour, quel doux sourire, quel tendre  amateur, ses lèvres rosés expriment candeur, son cœur est le ciel pour celui qui lui est fidèle, ses petites mains, si tendres qui indiqueront volontiers le bien qui génère la paix dans la justice ; ses pieds si petits, insinueront le chemin à suivre, chemin d´étrangers et de pèlerins qui, sans rien propre, se lancent à des nouvelles conquêtes dès l´Esprit. Marie et Joseph, avec leur style de vie libre, pauvre et bouleversé, continuent à garder dans leur cœur, le langage de la très haute pauvreté-richesse de Dieu, qui, devenant l´un des nous, a voulu vivre dans notre terre, dans la périphérie, pour cheminer ensemble avec chacun de nous…

En contemplant extasiées la Trinité de la Terre : Jésus, Marie et Joseph, en la célébration de notre Noël, surgit, très au-dedans, une clameur profonde d´ « écouter les motions qui nous habitent, là où Dieu continue à écrire son histoire avec nous, nous sommes des chercheuses qui veulent être heureuses pour contaminer aux autres la joie de vivre, chacune en son propre processus, nous sommes invitées à entrer en notre sanctuaire intérieur, à nous poser des questions vitales qui nous stimulent à continuer à grandir comme personnes, apprenant à exister en plénitude , à mettre un nom à nos besoins , émotions et  désirs » (Soigner la propre vie, message XXIII Chap. Général).

 

Sœur Lilyam del Carmen Cañizales

Tertiaires Capucines de la Sainte Famille

Guatemala

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Marie, femme de l´esperance

D´ici peu, on fermera l´année fiscale, en certains pays on a finalisé le cycle académique, d´autres le feront bientôt et, ainsi, notre vie est de fermer des cycles et d´en ouvrir d´autres ; chaque étape est chargée d´une infinité d´expériences de toute sorte. Au niveau liturgique l´Église nous offre un nouvel Avent et nous sommes appelées à faire de lui une expérience qui renouvelle nos forces, comme un verre d´eau fraiche après un long parcours sous le soleil.

En regardant les réalités vécues cette année dans les différentes régions du monde, nous contemplons des panoramas qui, réellement, nous ferions perdre l´espérance : le thème de la guerre qui semble être déjà un sujet  battu mais qui continue à prendre des vies causant angoisse et douleur, des houles des migrants fatigués et affamés, la situation politique en tant des nations qui limitent la liberté,  minent les droits basiques des millions des personnes, les séquelles de la pandémie, le dégât indiscriminé à notre mère terre, pour citer quelques-uns.

 C´est pourquoi nous sommes invitées à raviver l´espérance. Même s´ils sont nombreux les textes écrits sur ce thème, en cette occasion nous pourrions méditer avec des yeux nouveaux quelques textes de l´évangéliste Luc par rapport aux attitudes de la Vierge Marie et dans la pensée de l´éducateur et philosophe brésilien Paulo Freire. 

Souvenons-nous comment Marie nous a donné  preuve de son espérance. Cette jeune nazaréenne, comme femme de son époque, eu des expériences très semblables aux nôtres et, même au milieu d´elles, elle a su écouter la Parole de Dieu qui lui a parlé par des médiations. L´évangéliste Luc  nous le fait voir :

« Au sixième mois fut envoyé par Dieu l´ange Gabriel à une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme appelé Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie. Et, entrant, il  lui dit : « réjoui-toi Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Elle se troubla par ces paroles et elle se demanda que pouvait signifier une telle salutation. L´ange lui dit : Ne crains pas, Marie, parce que tu as trouvé grâce devant Dieu ; tu vas concevoir en ton sein et tu vas enfanter un fils à qui tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du très haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père » (Lc 1,26-32).

En regardant Marie nous constatons sa capacité pour accueillir avec sérénité la perplexité et continuer le dialogue avec l´ange. Nous regardant nous-mêmes nous pourrions vérifier ces mêmes qualités et nous demander en plus : Comment favorise-je la vraie écoute de Dieu, à quels espaces lui permets-je d´entrer ? Est-ce que j´ai des horaires établis, des schémas bien connus, mais aussi j´ai des recoins de mon être où je ne lui ai pas invité d´entrer ?

« Marie répondit à l´ange : « Comment cela se fera- t-il puisque je ne connais point d´homme ? L´ange lui répondit : « L´Esprit Saint viendra sur toi et le pouvoir du Très Haut te couvrira de son ombre ; c´est pourquoi le saint enfant qui naitra de toi sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1,34-35).

Qui est, comme Marie, totalement ouvert à Dieu et arrive à accepter le vouloir divin même lorsqu´il est mystérieux  et que, souvent, ne corresponde pas au vouloir propre ? (Pape Benoit XVI, décembre 2012). Marie donne une réponse et comme conséquence de cette écoute et disponibilité reçoit une mission qui le surprend  et  l´incommode et elle se met en mouvement.

« En ces jours-là Marie se leva et s´en alla en hâte vers les montagnes en une ville de Juda ; elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth ». (Lc 1,39-40).

 Marie est la femme d´une espérance active, qui ne reste pas bras croisés espérant voir ce qui arrive. Par rapport à l´espérance qui vit Marie nous pourrions nous illuminer avec les paroles de Paulo Freire :

« Il faut avoir espérance, mais espérance du verbe donner de l´espoir : parce qu´il y a des gens qui espèrent  du verbe  espérer. Et l´espérance  du verbe espérer n´est pas espérance, elle est attente. Donner de l´espoir est se lever, donner de l´espoir est s´engager, construire, ne pas se sentir vaincu. Donner de l´espoir c´est aller toujours en avant, s´unir à d´autres pour faire autrement.

Marie nous montre qu´elle est femme d´espérance parce qu´elle a vécu le verbe donner de l´espoir, se levant et risquant à cause de l´état où elle se trouvait, cheminant vers les montagnes de Juda, pour résoudre les besoins d´Elisabeth.  Et encore plus, lors de la persécution d´Hérode á l´Enfant, elle ne s´est pas sentie vaincue, devant fuir en Egypte. (Cf. Mt 2,13-15).

Revenons aux yeux de Marie,   nous y trouverons courage et force. Comment pouvons-nous vivre pour que celui-ci ne soit pas un Avent de plus, mais qu´il nous apporte nouveauté ?

Partant de la réalité que nous entoure

Dans les travaux quotidiens

Dans les rencontres avec le seigneur

Comment donnons-nous vie au verbe DONNER DE L´ESPOIR ?

Sœur Nancy Margoth Monterroso Monterroso. tc

Tertiaires Capucines de la Sainte Famille  Province Guadalupe

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« On s´en va, on s´en va en pleurant, on porte la semence ; on s´en vient, on s´en vient en chantant, on rapporte ses gerbes » Psaume 126, 5-6)

Ce verset 5 du paume 126, résonnait en mon cœuret en mon esprit pendant que je montais à l´avion à destination Tanzanie- Afrique. Ceux-là étaient mes sentiments et ma détermination d´atteindre  le lieu auquel notre Dieu Tout-Puissant  m´envoyait. Et justement, lorsque, après mes premiers années de service missionnaire je partais en vacances aux Philippines, j`expérimentais la joie qui exprime le verset du psaume (126,6) : Mon cœur chantait de joie, pour revenir et partager mes expériences. Celui-ci a été mon vrai vécu jusqu´au moment où je suis en train d´écrire cet article. En effet, le projet de Dieu pour chacun de nous est toujours un appel à vivre pleinement notre vie. Et je chanterais toujours sa louange et sa gloire pour le cadeau de mes parents et ma nombreuse famille, de mes amis et familiers, pour le cadeau de ma foi, de mes sœurs et de notre aimée Congrégation des sœurs Tertiaires Capucines   de la Sainte Famille où se nourrit ma vie depuis mon entrée dans la congrégation jusqu´à cette étape  de « l´âge moyenne ».

C´est réellement beau  regarder vers l´arrière et voir tant d´expériences vécues pleines des couleurs, des lumières et des ombres, des mauvaises passes, des montées et des descentes, mais, en son ensemble, pouvoir contempler une belle œuvre de Dieu en moi, à travers son amour, sa miséricorde et sa providence constantes. Avec Marie, notre Mère je proclame le Magnificat à chaque célébration  en début de soirée avec ma communauté et les fidèles qui s´unissent à notre mission.

Comme  sœur tertiaire capucine  de la Sainte Famille, j´ai compris, depuis le premier contact avec nos premières  sœurs missionnaires en Philippines que, être tertiaire capucine c´est être missionnaire en dehors de mon pays. Du témoignage de vie de nos sœurs, j´ ai appris que, être missionnaire est partager au jour le jour dans l´ordinaire, en esprit de prière, vie communautaire et dans le service spécifique auquel la Congrégation nous envoie. Même si nous devons comprendre que la vie missionnaire doit être vécue n´importe où nous soyons, que ce soit au dedans ou au dehors de notre pays d´origine.

Brièvement, mon itinéraire de vie en Tanzanie commença le 1 janvier 1998 jusqu´au présent, 2022 avec deux années de pause 2010-2011 pour des études supérieures et après, jusqu´au moment, je continue ici  dans le service à la mission. Pendant tout mon séjour en Tanzanie j´ai servi et je sers actuellement dans le champ de l´éducation. Quelle est mon expérience ? ¡Je dis qu´elle est  formidable et merveilleuse ! Vécue avec joie, avec toutes mes imperfections, contretemps, échecs et succès.

La Tanzanie est pour le moment mon deuxième pays d´origine. De même que d´autres pays, la Tanzanie a sa propre richesse  et sa culture spéciale. L´expression de la foi catholique, spécifiquement dans la liturgie, est vibrante et pausée  sans compter le temps. Ils ont un sens très profond de la solidarité. C´est un peuple avec la famille étendue en sens littéral.  Ils célébrant et ils pleurent avec un esprit d´unité, marqué par un sérieux programme de cérémonie. Ce sont des gens joyeux, hospitaliers, affectueux et bons. La Tanzanie est géographiquement, belle, riche en parcs naturels et surtout connue par sa fameuse et majestueuse  montagne du Kilimandjaro. Les enfants et les jeunes  sont respectueux et, en général, ils se caractérisent par leur grande résistance au moment de faire face  aux défis communs de leur vie. Celle-ci et la brève description que je peux partager et j´invite mes sœurs à venir et voir la beauté de la Tanzanie. ..Je remercie et j´aime la Tanzanie pour m´avoir appris tant des choses et des nombreuses façons.

En tant que religieuse qui sert dans le champ de l´éducation, le message central de tout mon effort, grand ou petit, a été et est encore, partager simplement le message libérateur de l´Évangile  de Jésus dans les activités ordinaires et routinières d´une vie religieuse. Je traduis ce message libérateur de l´Évangile :

En premier lieu, en reconnaissant, au début de chaque journée, dans la prière, que le nouveau jour est un don de Dieu et que, rien de bon ne peut sortir de ce don sauf avec sa Grâce. La vie de prière est au-dessus de tout puisque c´est d´elle que j´obtiens ma force et inspiration pour aller à la rencontre des gens, des élèves et du personnel de l´école : des parents et des voisins  pour pouvoir les servir.

 En deuxième lieu, j´essaye d´être en union avec  ma communauté en toutes ses activités quotidiennes, prières, repas, récréation, et travail et j´essaye dans la mesure du  possible d´être en communication et en dialogue avec mes sœurs de la communauté  et les personnes auxquelles je sers et avec celles avec qui je travaille. Je rends témoignage de ce que, cheminer ensemble avec mes sœurs de la congrégation  c´est un beau cadeau pour thésauriser dans le cœur avec tous ses défis et ses difficultés.

En troisième lieu, le service sans réserves est ce qui donne un sens à ma prière et au fait de vivre ensemble avec ma communauté. Parce que, sans arriver aux gens qui ont besoin  de mon temps et de mes talents tout manque de sens. En résumé, celles-là sont mes manières de vivre une vie heureuse comme Tertiaire Capucine  de la Sainte Famille.

Cette année 2022 j´accomplit 24 ans de vie loin de mon pays d´origine. Peut-être je n´ai pas accompli des grandes choses, mais ce qui est important est la totalité de ma donation et la suite de Notre Seigneur Jésus dans la Vie Religieuse et avec cela je me sens vraiment heureuse et je sens que ces 24 ans se sont écoulés  comme un jour. ¿JE LOUE ET JE GLORIFIE JÉSUS NOTRE DIEU AMOUREUX ET SAUVEUR !

Sœur Nida Galera, TC   

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Une histoire cadeau : Temoignage et force prophétique

Les béatitudes sont, sans aucun doute, la synthèse la plus parfaite de l´Evangile et l´expression la plus réussie de son échèle des valeurs.  En elles est contenue et exprimée avec la profondeur propre de la poésie, la vérité que le Christ est venu révéler au monde. Une vérité qui libère profondément l´homme. Une vérité qui murit la personne  en son humanité. Une vérité qui est, en définitive, l´amour.

Uniquement celui qui apprend á aimer murisse intégralement .L´homme étant fait à l´image et ressemblance d´un  Dieu qui est amour,  l´amour est le seul fondement sur lequel on peut cimenter et construire une équilibrée et heureuse personnalité. Mais la leçon de l´amour est difficile à apprendre. L´égoïsme,  racine de toute erreur vitale, tend à revêtir avec le manteau du dévouement et de l´ouverture aux autres, ce qui, parfois, n´est que profit personnel ou possession et domination des autres, c´est pourquoi, les béatitudes, en transmettant  le message d´une vérité fondée dans l´amour, font remarquer les nuances qui font de l´amour, une vérité. Et elles viennent nous dire que l´amour n´est tel que s´il est entrelacé du dévouement, d du propre être et de son avoir , au service des autres, de force pour mourir au propre et créer communauté avec les autres, de justice selon le plan original de Dieu sur l´homme, et la société, dévouement préférentiel pour ceux qui en ont le plus besoin, de générosité  et pureté d´intentions et d´une grande paix intérieure et extérieure. Ce message de la vérité comme amour et de l´amour vrai est, cependant, prophétique par sa propre nature  et crée des divisions et des luttes d´autant plus fortes et violentes que la société est plus fondée  dans des consumérismes , soif de pouvoir, des injustices légalisées ou dans d´autres formes d´égoïsmes personnels et même structurels. La liberté a toujours un prix. Et le prix à payer pour la liberté évangélique, pour la vérité et la justice sur l´homme et sur la société, est la persécution. La huitième béatitude, résumé et conclusion des sept autres, est très claire : Bienheureux les persécutés à cause de la justice, parce que, le Royaume des cieux est à eux. Bienheureux serez-vous quand  vous serez injuriés et persécutés  avec mensonge et toute sorte de maux contre vous à cause  de moi.

Là où l´Eglise est  cohérente avec son message, elle est rejetée ou persécutée. Et d´autant plus  rejetée et persécutée que sa cohérence est plus grande. Les formes de persécution sont, cependant,  nombreuses et diversifiées. Il y a des persécutions plus sournoises et non pas moins dangereuses, qui essayent de gagner le silence de l´Eglise avec des offres  et des privilèges. Ceux qui agissent ainsi savent bien qu´il vaut mieux une Eglise corrompue que persécuté.    Il y en a  d´autres, réalisées avec gant en soie, qui ne martyrisent pas l´Eglise, mais  qui la musèlent et l´acculent dans les sacristies. Et, il y en a d´autres, comme celle soufferte en Espagne pendant la guerre civile, qui sont vraiment sanguinaires. Ces divers types  de persécution, signes permanents de l´annonce du Royaume, accompagnent l´Eglise en son quotidien pèlerinage dans le monde. Et la Congrégation des Tertiaires capucines de la Sainte Famille, citoyenne des très diverses cultures et nations, a expérimenté aussi en différentes époques et pays le défi d´annoncer le Christ et de collaborer dans la construction de la civilisation de l´amour. Ce qui est arrivé en Espagne en 1936 est, pour les tertiaires capucines une expression très importante de leur force prophétique, mais pas la seule ni, certainement, la dernière.

Chine, une aventure missionnaire

Peu d´années après, le propre Père Fondateur ouvrit amplement cette porte à ses filles. Le Seigneur lui envoya un signe et lui, homme de foi, a su l´interpréter sans retard. En 1903, sans que personne ne le sache, arriva à Massamagrell   une jeune colombienne de bonne position qui avait dû fuir sa maison à cause de l´appel du Seigneur chez les tertiaires capucines. Ce fait, uni à la demande que les capucins de la Guajira  faisaient depuis un temps aux sœurs d´y aller , fut suffisant pour que la Congrégation , encouragée par son fondateur, décide de parcourir les chemins du monde, annonçant le Christ là où il n´était pas encore connu. Et en 1905 sont parties vers la Colombie les premières missionnaires. Quelques années après ce fut le tour du Venezuela. Et en 1929 débutaient les tertiaires capucines leur ouverture missionnaire en Chine. Les circonstances de ce nouveau voyage conféraient des teintes propres d´une vraie aventure. Les sœurs choisies parmi les volontaires, étaient, comme le voulait le père Amigó, « saines et robustes de corps, constantes et fortes dans la foi »et elles avaient un grand esprit d´amour, abnégation et sacrifice, mais, elles s´adressaient à un pays d´où elles ne connaissaient pas ni l´idiosyncrasie, ni la culture ni la langue. Le 3 novembre 1929  quittent Massamagrell les premières choisies. Elles se dirigent vers la mission la plus pauvre, située dans la province de Kansú , la plus grande et occidentale du pays. Comme c´était l´habitude des missionnaires d´alors, ont dit « adieu, jusqu´au Ciel ». Le Père Amigó, déjà ancien, n´avait pas pu contenir les larmes. Il savait qu´il ne les verrait plus. Pendant les cinq ans qu´il vivrait encore, il eut toujours pour ses « petites chinoises », une tendresse spéciale. Et lorsque, étant déjà près de sa mort, il reçoit leurs nouvelles , il trouve encore des forces suffisantes pour applaudir avec faiblesse et enthousiasme en même temps.

Le 27 janvier 1949, les dernières missionnaires tertiaires capucines en CHINE furent obligées d´abandonner le pays. Leur cœur, malgré cela, y restait pour toujours, dans ce champ d´évangélisation, témoin de tant des travaux et des joies. Elles ne sont pas parvenues à verser leur sang  pour le Christ, mais elles ont souffert en leur propre chair les conséquences d´une persécution déchainée une fois de plus, contre la foi chrétienne.

Et ce fait de  défier les dangers et les difficultés, vécu avec radicalité par les sœurs pendant le choléra de 1885, pendant la guerre espagnole de 1936, ou pendant l´aventure missionnaire en Chine,  a continué à fleurir après, quand la gravité des circonstances  a exigé un témoignage extrême d´amour. Le cas de Armero (Colombie), est une bonne preuve de cela. Armero,a été fondé en 1895 dans le département de Tolima. Les Tertiaires Capucines étaient des voisines du village depuis 1956 quand l´Évêque de Ibagué les invita à s´y établir avec la seule condition d´être saintes. En 1985, le Collège de la Sainte Famille avait atteint déjà sa vraie maturité. Sans augmenter excessivement le nombre des élèves, sans perdre l´air de famille qui le caractérisa dès le début, il avait étendu son action éducative et évangélisatrice au-delà de ses salles des cours, s´insérant dans l´ambiance familiale de ses élèves et dans la pastorale d´ensemble de la paroisse.  Les sœurs qui dirigeaient le Collège avaient reçu cette année 1985 avec une joie spéciale : la Congrégation accomplissait le premier centenaire de sa fondation. Les gens de Armero, comme tant d´autres de la géographie mondiale, se disposaient à s´unir joyeuses à la célébration jubilaire de leurs chères sœurs. Mais, peu après le début de l´année, des noirs pressages ont commencé à se cerner sur la population. Le Nevado du Ruiz , lion endormi pendant longtemps, a commencé à donner des signes de vouloir se réveiller de sa léthargie. Et Armero, comme les autres villages des alentours, ont commencé à vivre un long cauchemar. Lorsque, au mois d´avril, la supérieure provinciale visita les sœurs, la situation était déjà préoccupante ; le volcan rejetait continuellement de la cendre qui couvrait les maisons et les rues du village avec un manteau lugubre qui obligeait les habitants à se protéger avec des foulards à la bouche pour sortir à l´extérieur. La Provinciale, voyant le danger que les sœurs  couraient leur demanda : Savez-vous que vous êtes en danger de mort ? Que pensez-vous faire ? 

 La communauté composée par les sœurs Bertlina Marín Arboleda, Julia Alba Saldarriaga Angel, Emma Jaramillo Zuluaga, Marleny Gómez Montoya et Nora Engrith Ramírez Salazar (novice), répondit unanime : nous mourrons avec le peuple … et si nous restons vivantes, nous accueillerons dans notre maison tous ceux qui aurons des problèmes de logement …cette maison est très grande. La sœur Provinciale, cependant, voyant que la novice était très affaiblie, lui dit : Norita, quand tu iras en vacances tu devras rester à Medellín, je te vois très pâle. Mais la jeune insista : laisse-moi terminer l´année ici. Je suis contente.  Je sens que le Seigneur me demande de rester ici.

Le 13 novembre, à la tombée de la nuit, survint la catastrophe. Les eaux à grand débit, provenant du dégel des neiges perpétuelles  du volcan anéantirent le village.  Le lendemain, la radio et la presse donnaient la nouvelle de la tragédie : Armero est une plage… Armero est disparue. Rien n´est resté de Armero. Les maisons sont ensevelies … Des milliers et des milliers des personnes sont mortes sous la boue.

Deux des sœurs, la supérieure Bertalina et la novice Nora Engrith, restèrent ensevelies pour toujours dans le grand cimetière  qui était devenu Armero. Une troisième, Julia Alba, est décédée treize jours après, à Bogotá, victime des blessures et des souffrances produites par l´avalanche. De même qu´en 1885, année de la fondation de la Congrégation  maintenant aussi, dans la célébration du premier Centenaire, trois sœurs ont signé avec leur,, sang leur témoignage d´amour à Dieu dans les frères. Mais, le cas de Armero , n´est pas le dernier témoignage d´amour jusqu´à l´extrême qui nous offre l´histoire récente des Tertiaires Capucines. Moins de deux ans après cette catastrophe,la Congrégation s´est teintée à nouveau de rouge en la personne de la sœur Inés (Agnès) Arango. Née à Medellín (Colombie). Son grand idéal depuis son enfance, fut celui d´être missionnaire en Afrique ou en Asie. Elle aurait voulu partir vers les missions,  juste après sa profession, mais dans la montre de Dieu,  son heure n´était pas encore arrivée. Elle a dû attendre vingt ans  et passer sa première èpoque de vie religieuse, consacrée à l´enseignement en son pays natal. En 1977 son rêve missionnaire est devenu finalement réalité. Les tertiaires capucines avaient accepté une œuvre missionnaire dans la forêt de Aguarico (Equateur) et la sœur Inés allait dans le groupe des fondatrices, C´était le 9 mars 1977. Sa première destination fut Shushufindi. Mais elle y est restée peu de temps. En aout de cette même année Inés part comme responsable d´une mission à Roquefort, qui sera pour elle depuis lors, le centre référentiel de toute son activité missionnaire chez les tribus  indigènes des alentours, Ici elle connut le père Alejandro Labaka avec qui elle s´est sentie identifiée depuis le premier moment et avec qui l´unit une profonde et sincère  amitié. La préférence de tous deux furent les minorités : les Sionas, les Secoyas, les Quichuas, les Shuaras et, particulièrement, les Huaorani. Alejandro et Inés, en son illusion d´annoncer le Christ, s´exigent chaque fois plus. Ils sont conscients qu´un vrai annonce de l´évangile doit respecter la culture indigène assumant ses valeurs. Et, pour connaitre ces valeurs  il faut s´insérer pleinement dans leur vie. En 1985, la sœur Inés demande et obtient la permission de s´en aller vivre un temps parmi les Huaorani. L´expérience fut très positive et Inés la répéta en d´autres occasions.  Chaque jour son esprit missionnaire est plus fort et engagé.  Elle est en train de vivre une maturité spirituelle qui surprend ceux qui la connaissent. En 1987 eut lieu à Bogotá, le III Congrès Missionnaire Latino-Américain. Le Congrès terminé, Inés retourna rapidement à Roquefort, reconforté par les paroles encourageantes et la bénédiction de la sœur Générale Elena Echavarren.

 Elle a obtenu la permission et elle a l´illusion de commencer le plus vite possible un voyage vers les Huaorani. La veille du voyage elle dit au revoir ainsi : Laure, je pars chez les Tagaeri. Laure lui demande : As-tu peur? Et si on te tue ? – Ah, tranquille, je mers heureuse. En vérité Inés, Tu n´as pas peur ? Non, parce que si je meurs, je meurs comme me le demande le Seigneur.  En sa lettre  elle écrivait : Si je meurs je meurs heureuse et j´aimerais que personne ne sache rien de moi. Je ne cherche nom ni réputation. Dieu le sait  …Toujours avec tous, Inés.

Sans doute, dans l´histoire des martyrs la meilleure couronne est pour Rosario, Serafina et Françoise , nos bienheureuses martyres . Sans doute ,le mieux est de se sentir et se voir entourées par les sœurs qui, à Massanagrell et Benaguacil les ont précédé en 1885 avec leur témoignage d´amour, et par celles qui, après, en Chine, Armero et Aguarico ont contribué à faire de l´histoire des Tertiaires Capucines un poème  de force et de tendresse rendant vivante  la devise : Amour, abnégation et sacrifice.    

Sœur Sylvie Yolanda Muñoz Muñoz, tc